Sandra Mehl
Résidence 2021

Leur éternel
De Corbeil-Essonnes, je voulais raconter la jeunesse. J’y ai raconté des histoires d’amour. Interroger la jeunesse d’aujourd’hui, c’est certes documenter son accès à l’autonomie, à l’emploi, au logement, mais c’est aussi parler de la vie affective de celles et ceux qui la font.
Pendant un an, j’ai mené une exploration intime de la ville pour découvrir les territoires des filles, ceux des garçons, les espaces où ils se rencontrent, se retrouvent, flirtent, célèbrent un moment d’éternité. Parfois, à l’abri des regards, quand les relations amoureuses s’avèrent inavouables dans l’espace public.
J’ai aussi raconté des histoires d’amour singulières qui, quoiqu’individuelles, racontent une génération, une culture, un territoire. L’amour est plus qu’un sentiment, il est un fait social où se lit le poids de la famille, de la communauté, de la religion sur l’individu, la place des femmes et des hommes dans la société, les mécanismes de reproduction et les espoirs d’élévation sociale. Il est la porte d’entrée que j’ai choisie pour comprendre Corbeil-Essonnes et sa jeunesse.
Mon travail a été réalisé au moyen format 6×6 argentique.
Sandra Mehl, née en 1980, est diplômée de Sciences-Po Paris, et de l’Ehess (Ecole des hautes études en sciences sociales) en sociologie. Elle travaille dans l’humanitaire en Afrique de l’Ouest, puis dans les quartiers populaires du sud de la France pendant 10 ans en tant que chef de projet urbain, avant de devenir photographe documentaire en 2015.
Son travail en France et à l’étranger (Proche-Orient, Etats-Unis) porte sur les communautés aux marges de la société impactées par la crise économique, la guerre ou encore le réchauffement climatique. Sa série sur les deux sœurs de la Cité Gély à Montpellier « Ilona et Maddelena » a remporté la Bourse du Talent et a fait l’objet de nombreuses expositions (BnF, Maison de la photographie de Lille, Institut français de Milan…). Sa démarche se fonde sur une immersion au long cours au sein des groupes et des territoires qu’elle documente, et sur une approche intimiste des sujets de société.
En parallèle de ses projets personnels, elle collabore régulièrement avec la presse française (Le Monde, M, Libération, L’Obs, La Croix, Elle, Marie-Claire) et étrangère (Washington Post). Son travail est représenté par la Galerie Sit Down, à Paris.